Quand on écrit pendant Baselworld 2012, on n’a pas le temps
de lire et, parfois, on a de bonnes surprises en découvrant totalement
certaines montres, comme sur le stand Chopard. De manière inattendue, Chopard a
réalisé un excellent Baselworld2012, par ailleurs globalement morose.
Comme le savent nos lecteurs les plus assidus, chez
Watchonista on a été très positivement impressionnés par la Chopard Engine One
Tourbillon dotée du calibre L.U.C 1TRM. Cette montre était une réussite
esthétique et technique, car totalement construite autour de son mouvement.
Mais elle possédait le défaut de sa qualité : son prix. Un
tourbillon c’est cher et bien peu d’entre nous pouvaient prétendre se l’offrir.
Nous attendions donc Chopard au tournant. En espérant voir
une adaptation de l’esprit de cette
Engine One dans une gamme de prix plus abordable.
C’est chose faite avec la L.U.C 8HF.
Le HF n’est pas une référence aux Lancia Delta Intégrale ; ici, le « HF
» signifie Haute Fréquence, et le « 8 » est là pour rappeler la fréquence de
8Hz.
Mais sans doute inconsciemment, la montre emprunte un peu de
l’esprit de la fameuse Lancia de rallye. Lignes anguleuses et viriles,
innovations, hautes performances, dans une montre finalement assez compacte.
D’ailleurs, il est presque étonnant que malgré tous les
ponts tissés avec le monde automobile, Chopard n’ait pas construit le
storytelling de la 8HF sur cette thématique.
L’intérêt premier de cette pièce, est bien sûr la démarche
qui permet d'obtenir une fréquence de 8Hz.
La plupart des tentatives pour atteindre les hautes
fréquences tiennent de la prototypie. Montres très coûteuses en séries
ultra-limitées, on est en permanence dans le laboratoire, avec des calibres
développés pour la haute fréquence de A à Z. Chopard a travaillé à contre-courant,
en partant d’un calibre L.U.C normal et en y apportant le minimum de
modifications afin de produire une montre moins élitiste, à courte échéance.
Ainsi, par rapport à un très classique calibre L.U.C à 4Hz,
seul le bloc d’échappement change. La cheville de plateau, l’ancre et la roue
d’échappement sont en silicium alors, que le balancier-spiral reste de
construction traditionnelle, même s'il est adapté à la Haute fréquence.
D’ailleurs, le barillet d’origine a été conservé et dispense
toujours la même réserve de marche, malgré la fréquence doublée (théoriquement,
quand on roule 2 fois plus vite, on vide le réservoir 2 fois plus vite).
Comment ? En fait tout le travail d’optimisation a eu lieu
au niveau de la roue d’échappement et de l’ancre. Cette dernière a une
amplitude beaucoup moins élevée que celle d’un calibre 4Hz. Du coup, il y'a moins
de perte d'énergie lors de cette étape. La forme particulière des éléments de
régulation et les propriétés du silicium font le reste.
Le cadran est lui aussi terre de contraste : il est fait
d'argent grainé traditionnel et présente une grande petite seconde rouge sur
fond noir à la finition sport. Ce choix judicieux permet de laisser la part
belle au défilement des secondes, à 8 sauts par seconde. Il serait d’ailleurs
intéressant de voir le défilement d’une foudroyante au 1/16ème…
Côté boitier, c’est un peu la même chose, un mélange heureux
entre avant-garde et tradition. Les deux parties du boitier de 42mm sont en
titane, l’étanchéité est de 100m. Sur le haut du boitier, Le titane poli offre
une finition très classique, en contraste avec le titane microbillé et noirci
du dessous du boitier et sa finition electro-plasma ultra technique.
Si l’esthétique est très convaincante, le dos du boitier est
un peu frustrant, le mini-verre saphir dévoilant très peu le bloc
d'échappement.
Donc, à l’instar de la Engine One Tourbillon, le ramage se
rapporte au plumage : L’union entre futurisme et traditionalisme du calibre se
reflète à l’extérieur de la montre. Le tout dans une pièce proposée pour moins
de 15000€, ce qui est un prix raisonnable eu égard à la technologie embarquée
et à la certification COSC dont bénéficie le mouvement.
Afin de parfaire cette démarche de démocratisation de la
haute fréquence, Chopard a fait certifier son calibre battant à 57600a/h par le
COSC, une première pour un calibre de plus de 5HZ et un, gage de confiance dans son produit.
L’autre voie de démocratisation des calibres L.U.C est
portée par la Chopard Manufacture. Cette montre, présentée cette année,
inaugure une nouvelle série de calibres destinés, à terme, à remplacer les
mouvements ETA.
Devant la pénurie annoncée des calibres Swatch Group,
Chopard répond par l’internalisation totale, pour la plus grande joie des
futurs acquéreurs de Mille Miglia et autres séries précédemment équipées de
calibres Valjoux.
Le nouveau calibre Chopard 01.-04-C est très proche de
l’architecture du calibre L.U.C 01.-01-L. Il tourne à 28800a/h pour 60h de RdM
; le mouvement fait 28.80mm pour 4.95 d'épaisseur.
Le Chopard 01.-04-C reprend plus ou moins le pointage du
L.U.C 01.-01-L, mais sans les finitions
manuelles et avec 4 pierres de moins.
Les belles décorations du LUC sont abandonnés au profit d’un
brossage très industriel (qui rappelle un peu les P.9000 de chez Panerai), mais
très convaincant et en tous cas bien supérieur à ce que propose ETA dans ses
finitions haut de gamme.
Pour bien comprendre la démarche des horlogers de chez
Chopard, il faudrait comparer ce calibre à l’ID19 de Citroën. Après la
présentation de la Citroën DS en 1955, les ingénieurs du Quai Javel avaient
déjà en tête une version moins coûteuse de ce modèle : l’ID19. Si la voiture
sacrifiait quelques aspects luxueux et de confort, elle ne sacrifiait rien de
la technologie et des qualités routières de la marque aux chevrons.
La Classic Manufacture est proposée dans les 3 ors, le
boitier fait 38mm dans toutes les couleurs, avec dessin très convaincant, car
épuré au maximum. Presque un départ d’une feuille blanche, tant la rupture avec le style Chopard est
importante. Le cadran est blanc laqué, avec des chiffres romains peints.
Minimalisme de bon ton, qui met finalement en lumière le
calibre et le virage amorcé par cette nouvelle gamme de mouvements.
Enfin, nous avons découvert la LUC Lunar One, nouvelle
déclinaison du calendrier perpétuel de Chopard.
Si les pièces précédentes relèvent d’une volonté de
démocratiser technologie et calibres de manufacture Chopard, la Lunar One est
une montre de démonstration des savoir-faire de la manufacture.
Avec 43mm de diamètre, son étanchéité de 50m (donc saut-dans-la-piscine-habillé-proof)
et ses sous-compteurs XL, c’est une montre habillée, mais pas trop. Bien que le
look soit classique, elle conserve un côté décontracté et sympathique, qui peut
s’adapter à la majorité des tenues.
Son boitier en or rose renforce le côté classique de la
montre ; le boitier en or blanc, lui renforce le coté sport chic un secteur par ailleurs peu occupé; on
pourrait penser, par exemple, au sympathique QP de DeMonaco ou à certaines De
Béthune, mais le sport-chic combiné avec le QP reste malheureusement
anecdotique.
Il faut noter qu’au poignet, avec les jeux de lumière (cela
doit être encore plus vrai au soleil), le cadran fait moins chargé qu’en photo.
D’ailleurs, la grande phase de Lune « orbitale » (comprendre que le disque tourne
autour de son axe), est proéminente dans le cadran, par contraste des couleurs.
Le reste des indications, sous-compteurs et index, sont un peu ton sur ton, ce
qui contribue à alléger dans la vrai vie, les nombreuses indications du QP
malgré leur grandes polices de caractères.
Quant au calibre, c'est le L.U.C 96.-13-L dit QP, un
mouvement automatique de 33mm fréquencé à 28800a/h, pour 70h de réserve de
marche, fournie par 2 barillets. Comme tous les calibres QP du marché actuel,
il est modulaire. Le plateau de complication est néanmoins l’un des plus
complexes de l’offre actuelle, notamment à cause de sa grande date et de sa
phase de lune à faible décalage (un jour tous les 122 ans). Et bien évidemment,
la finition Fleurier qui répond aux critères du Poinçon de Genève possède un
charme indéniable, qui contribue beaucoup à l’intérêt de cette montre.
Fait assez rare dans le monde des montres très haut de
gamme, la nouvelle Lunar One arbore deux certifications : COSC (ce qui est
appréciable et quasi inédit pour un QP) + Poinçon de Genève nouvelles normes.
A un moment charnière où l’avenir de l’horlogerie est
incertain, Chopard anticipe bien la fin
des livraisons de Swatch Group, mais prépare aussi le futur en étant l’une des
premières marques à proposer du silicium et de la très haute fréquence,
destinés à équiper des montres de «grande» série. Enfin, ce qui est peut-être le plus important
du point de vue de l’acheteur final, les esthétiques évoluent dans un sens qui
paraît plus en phase avec l’époque.
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