mardi 13 décembre 2011

Blancpain X Fathoms, reportage et photos fraîches.

Toute catégorie de montre possède sa complication « grallesque ».
Si les complications sonores sont le Graal de montres habillées et le chrono celui des montres sport, le Graal des plongeuses est indubitablement le profondimètre.

Or, dans cette décennie de renouveau horloger, les profondimètres sont restés assez discrets.
2007 a été un peu l'année du profondimètre :
Panerai avec sa PAM193 et JlC avec sa « Master Compressor Diving Pro Geographic », ont présenté deux profondimètres radicalement différents, et tous les 2 frustrants.
Passons rapidement sur la Panerai, qui avec son module électronique n'apporte rien de plus qu'un ordinateur de plongée. La Jaeger, en revanche, bénéficie d’un système fiable, précis et mécanique ! Mais le manque de lisibilité dû à un surcroît de complications et surtout l’absence d’indicateur de profondeur maximum, en font plutôt une plongeuse de bureau, dommage, JlC y était presque.
2008 : Favre-Leuba, marque au combien mythique pour les amateurs de plongée, présente un profondimètre mécanique, descendante directe de la Bathy des 70’, la Bathy v2 ; malgré l’intérêt de la pièce, la marque a été mise en sommeil peu de temps après, il sera donc impossible d’écrire un commentaire pertinent au sujet de cette montre mort-née.
2009 : IWC présente son « Aquatimer Deep Two », descendante de la peu fiable, mais belle « Deep One » des années 90. La « Deep Two » a tiré pas mal d’enseignements des errements récents. La montre est réussie esthétiquement, et la complication va à l’essentiel ; le 2824 n’est pas gênant, et il permet de gagner de la place pour le profondimètre. Mais son gros défaut, c’est justement le profondimètre : s’il est bien pensé techniquement (indication des profondeurs max et courante), il est mal pensé esthétiquement, les 2 petits indicateurs sont bien peu lisibles sous l’eau, sachant de surcroît, qu’à mesure qu’on descend, le blanc se dégrade…

Toutes ces montres ont un point commun, elles ont été pensées comme des montres avec un profondimètre en plus. Elles tiennent toutes à divers degrés de la « Desk-Diveuse ».







2011 : Blancpain a fait le choix inverse avec la X-Fathoms, mettre une montre dans un instrument de plongée. Ainsi, plutôt que de présenter une autre montre de luxe avec un profondimètre, Blancpain propose un profondimètre de luxe avec une montre. D’ailleurs, l’objet n’est pas sans rappeler certains instrument vintages, comme ceux de Panerai.
Le profondimètre fait 55mm sur 24mm et a été pensé comme un instrument autonome, utilisable avec des tables de plongée. D’ailleurs, si demain le Commando Hubert publiait un cahier des charges militaire pour une montre profondimètre, cette X-Fathoms y répondrait sans faire rougir son ancêtre.



Le cadran est conçu pour offrir un maximum de lisibilité, ce qui va de soi pour un plongeur, mais pas pour les maisons d’horlogerie ; le fond est noir, trois couleurs y sont disposées :

• Le vert Luminova : le vert restant la couleur qui restitue le mieux la luminosité.

• Le bleu luminescent : le bleu étant la dernière couleur de base à disparaitre sous l’eau.

• Le Orange fluorescent : c’est la couleur qui renvoie le mieux les UV en profondeur, alors que toutes les couleurs conventionnelles se sont éteintes. C’est pourquoi elle est utilisée pour les profondeurs supérieures à 15 mètres.

Le vert est disposé comme sur les « Fifty Fathoms » de base, pour les heures, minutes et secondes, ainsi que sur le pourtour de la gigantesque lunette en saphir (au passage, Blancpain réitère l’exploit de la lunette en saphir vue sur la « Fifty Fathoms » présentée en 2007).

L’échelle externe bleue (orange entre 2 et 6m, pour le palier final) indique la profondeur entre 0 et 15 mètres. L’échelle intérieure intégralement orange indique la profondeur entre 0 et 90 mètres.

L’aiguille «spatule» bleue indique la profondeur entre 0 et 15 mètres, l’aiguille «pelle à tarte» orange indique la position entre 15 et 90 mètres. L’indicateur rouge carré marque quant à lui la profondeur maximale atteinte, une inconnue subsiste quant à la lisibilité de cette couleur sous l’eau, les plongeurs sauront mieux nous l’expliquer…

Le compteur rétrograde 5 minutes situé à 10 heures, dont la fonction est de mesurer les paliers pour les profondeurs de base, est activable en appuyant sur le bouton à 11h. Cette fonction est surtout utile pour la plongée de loisir, car la durée des paliers augmente à mesure que l’on descend et qu’on reste dans les fonds marins.

Sous le protège couronne à 8h se trouve le bouton permettant la remise à zéro de l’indicateur de profondeur maximale.



La montre est équipée du calibre 9918b, qui en dehors de sa taille (36mm sur 13), reprend les 120h de réserve de marche de la FF, avec la même fréquence. Il est emboité dans l’énorme boitier technique en titane de 55mm pour 24mm d’épaisseur.



Au poignet : C’est étonnamment portable ! Et confortable ! Attention, son look et ses dimensions l’excluent totalement de la catégorie Desk-Divers, c’est d’ailleurs ce qui fait son intérêt...
L’étonnement vient de la taille, parce qu’avec son boitier un peu galbé de 55mm, elle parait moins grosse que les montres carrées de 46mm… L’épaisseur est monstrueuse, 24mm, mais heureusement, le bracelet qui fait presque un centimètre, atténue un peu l’épaisseur de la montre, bref l’esthétique n’est pas aussi « stéroïdée» qu’on pourrait le présumer en lisant la fiche technique.
Le confort, bien supérieur à pas mal d’autres plongeuses de taille « normale », vient de l’utilisation intensive de métaux légers, principalement le titane du boitier, et du bracelet en caoutchouc. Ce dernier est complètement délirant en termes de concept, avec de multiples points de réglage ; et il est produit dans un caoutchouc extensible qui se positionne parfaitement … Deux critiques néanmoins : on transpire très vite avec cette matière (davantage qu’avec des qualités plus rigides de caoutchouc véritable) ; Et sa boucle, très design (qui ne colle pas forcément au design de la montre), est montée avec un double « épi »trop fin qui a tendance à piquer les doigts lors de l’ouverture/fermeture.
On pourrait espérer une version commerciale (rappelons qu’il s’agit ici d’un proto)équipée d’un bracelet en titane pour parachever le look «technique», ou un beau veau, pour parachever «l’hommage» à la FF.
Parmi les détails de finition qu’on ne peut pas voir sur les photos presse, on peut signaler : le verre, légèrement bombé, les chiffres du cadran, notamment les orangés en relief ; et la magnifique finition des grilles des entrées d’eau.
Bien évidemment, au dos, le sigle radioactif est un clin d’œil aux Fifthy Fathoms « No Rad » au tritium.







Avant d’écrire ce sujet, j’ai lu beaucoup de commentaires, de critiques, souvent marrantes, parfois totalement justifiées, d’autres fois oiseuses. La plus futile concerne « l’inutilité d’un monstrueux profondimètre mécanique quand il existe des ordinateurs de plongée ». Cela nous renvoie directement à la non compétitivité du mécanique sur l’électronique. Pourtant, cela ne nous empêche pas d’acheter des montres mécaniques désuètes (on pourrait même appliquer ce raisonnement aux voitures de sport face aux voitures hybrides).
Comme dans tous les Objets Horlogers Non Identifiés, le choix de faire un objet anachronique, qui ignore les évolutions de l’électronique est payant, cela fonctionne.







Avec cette montre, Blancpain signe une «Concept Watch» qui ne s’adresse clairement pas au « desk divers » amoureux de James Bond ; mais plutôt aux « roots divers » amateurs du « Commando Hubert ». Si vous passez six mois par an au bord de la mer et que vous aimez chasser le thon dans les fonds marins plutôt que sur la plage, cette montre vous permet, moyennant l’emploi de tables de plongée, de mettre de côté l’ordinateur (bien que Blancpain le déconseille).
Un retour aux sources, en somme. En plus, ça donne l’heure!!

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