« La Monégasque » est une nouvelle collection créée sous la férule de Georges Kern. C’est le premier accomplissement de Mr. Kern depuis son arrivée à la tête de la marque, en 2010. La collection a été présentée au SIHH 2011, afin de promouvoir le renouveau dans la continuité esthétique de Roger Dubuis ; une grande soirée a été organisée à Monaco ce jeudi 20 octobre en présence de personnalités telles que le créateur Christian Louboutin, Daphne Guiness, Tomer Sisley et Richard Berry…
Logiquement, avec une telle brochette d’ambassadeurs, le storytelling de « la Monégasque » se réfère à l’univers du jeu et des casinos de luxe. Dans les faits, les huit montres de la collection restent très discrètes. Les références et les clins d’œil à l’univers des casinos, comme les index «chiffres de roulette», sont quasi-indétectables pour un œil non averti. Seules exceptions, les deux superbes chronographes en série limitée, la « Big Numbers » et la « Club », qui s’encanaille légèrement.
La collection est divisée en quatre séries de deux pièces :
-Les trois aiguilles automatiques, disponibles en acier et or rose.
-Les chronographes Bicompax automatique à micro-rotor, en or rose et acier. L’acier permet d’accéder à l’un des chronos « Poinçon de Genève » les plus abordables du marché ! Vous pouvez d’ailleurs admirer sur ces clichés la finition du calibre RD680 (c’est bien évidemment le même sur les 2 versions), anglages, côtes de Genève fines, pas de vis bleuies, roue à colonne, bref c’est beau, c’est sobre malgré la relative complexité de l’ensemble.
- Les grandes complications, constituées du tourbillon volant en platine limité à 28 exemplaires et d’un superbe QP doté d’une magnifique phase de lune émaillée.
-Enfin, les chronographes en série limitée qui, preuve du sens du détail chez Roger Dubuis, bénéficient d’un calibre différent. Paradoxalement, la pièce la plus emblématique de cette collection est aussi la plus voyante, c’est la « Club ».
En détail :
La monégasque est la montre qui symbolise le mieux l’inflexion stylistique chez Roger Dubuis période Georges Kern, elle synthétise pas mal de tendances passées et à venir chez RD. Mais surtout elle est belle. A part le tourbillon, c’est la plus limitée des séries de « La Monégasque », avec 88 exemplaires. C’est dommage, c’est l’une des montres les plus désirables chez Roger Dubuis depuis les fabuleuses « Bulletins d’Observatoire ».
Les « Bulletins d’Observatoire » constituaient une collection de montres classiques de très haute volée, produites au début de l’aventure Roger Dubuis, entre 1995 et le début des années 2000. Cette collection chassait sur les terres de Patek, Vacheron et Lange. Pour chasser sans complexe, Roger Dubuis est l’une des rares maisons à avoir intégré la quasi-totalité de son outil de production sur son site de Meyrin et à disposer de nombreux calibres maison.
L’une des lignes des « Bulletins d’Observatoire » était constituée du très original boitier « Sympathie », de forme coussin, dont les cornes très intégrées lui confèrent un visuel de boitier tonneau.
Si les finitions, les calibres et le style des « Sympathie Bulletins d’Observatoire » n’ont pas vieilli, force est de constater que la taille, en général de 37-38mm, est un peu dépassée.
Aujourd’hui, la collection « La Monégasque » reprend les lignes des boitiers « Sympathie », mais avec une taille et un style d’actualité.
La « Monégasque Club » se présente comme une montre coussin en or rose de 44mm, intégrant un chronographe Bicompax avec un cadran Chatoyant.
Au porté, le fond carré est moins confortable que certains fonds ronds que l’on retrouve sur d’autres boitiers coussins, les cornes courtes permettant néanmoins de positionner la montre sur n’importe quel poignet.
Le choix de ce boitier pour cette collection de sortie de crise est judicieux ; il se réfère autant aux formes en vogue actuellement (coussin, tonneau), qu’aux anciens boitiers RD, ce qui permet de revendiquer un boitier identitaire.
Autre point fort de l’habillage, le bracelet, en bon Paneristi je m’ennuie avec les bracelets OEM, pourtant, ici, il est à tomber ; le veau surbombé est piqué de clous comme sur les canapés Chesterfield, l’effet est terrible et contribue à l’atmosphère douillette de la pièce. Selon les créateurs de la montre, une trentaine de prototypes ont étés rejetés avant d’arriver à ce résultat, ça en valait la peine, car c’est un bracelet exotique tiré d’une peau courante !
Visuellement, la montre parait 42mm, en cause, la relative largeur de la lunette et la succession de couches concentriques sur le cadran. Par ailleurs, cet effet «concentrique» permet d’atténuer légèrement le «louchage» des sous-compteurs du chrono.
Roger Dubuis avait présenté il y a quelques années une « King Square » avec un magnifique cadran orangé ; cette idée n’est pas tombée dans l’oubli et on retrouve sensiblement cette couleur dans l’insert central de la « Monégasque Club ». Cet insert ambré donne beaucoup de vie au cadran, renforce l’aspect luxueux et apporte une originalité supplémentaire à cette SL.
Coté mouvement, c’est du calibre de manufacture, un chronographe à Micro-rotor, que je n’ai malheureusement pas pu tester ni prendre en photo, la montre étant bloquée.
L’esthétique du RD78 est un peu plus moderne que le RD680 décrit plus haut, l’ensemble du calibre est recouvert d’un pont ajouré, et la masse du micro-rotor est décorée comme un globe terrestre stylisé, logiquement , l’esthétique générale est un peu plus Jet-Set et décalée, en résonnance avec le storytelling proclamé.
Techniquement, le calibre fait 13lignes ¼ sur 5.80mm (il gagne 2mm en épaisseur par rapport à un 7750, merci le micro-rotor). Il est cadencé à 28800a/h pour 42h de RdM, et comporte 36 rubis. Le compteur des minutes sautantes à 3h est gradué jusqu’à 45 minutes.
Tout dans l’esthétique de cette montre évoque une atmosphère cosy et chaleureuse, renvoyant aux clubs de jeux privés, le bracelet est assorti aux fauteuils du fumoir adossé à la salle, et l’insert ambré du dial matcherait parfaitement avec votre verre de Cognac XO…
Cette collection est un retour aux sources pour RD, mais un retour aux sources qui ne renie pas la période précédente. Car si la collection est très raisonnable sur le fond, elle conserve un esprit ludique et branché, qui fait qu’elle peut ratisser très large, en charmant des collectionneurs de tous horizons. Une synthèse réussie, en somme.
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