mardi 5 juin 2012

Nouveautés Chopard @ Baselworld 2012


Quand on écrit pendant Baselworld 2012, on n’a pas le temps de lire et, parfois, on a de bonnes surprises en découvrant totalement certaines montres, comme sur le stand Chopard. De manière inattendue, Chopard a réalisé un excellent Baselworld2012, par ailleurs globalement morose.

Comme le savent nos lecteurs les plus assidus, chez Watchonista on a été très positivement impressionnés par la Chopard Engine One Tourbillon dotée du calibre L.U.C 1TRM. Cette montre était une réussite esthétique et technique, car totalement construite autour de son mouvement.

Mais elle possédait le défaut de sa qualité : son prix. Un tourbillon c’est cher et bien peu d’entre nous pouvaient prétendre se l’offrir.

Nous attendions donc Chopard au tournant. En espérant voir une adaptation de l’esprit de cette  Engine One dans une gamme de prix plus abordable.

C’est chose faite avec la L.U.C  8HF.  Le HF n’est pas une référence aux Lancia Delta Intégrale ; ici, le « HF » signifie Haute Fréquence, et le « 8 » est là pour rappeler la fréquence de 8Hz.
Mais sans doute inconsciemment, la montre emprunte un peu de l’esprit de la fameuse Lancia de rallye. Lignes anguleuses et viriles, innovations, hautes performances, dans une montre finalement assez compacte.
D’ailleurs, il est presque étonnant que malgré tous les ponts tissés avec le monde automobile, Chopard n’ait pas construit le storytelling de la 8HF sur cette thématique. 


L’intérêt premier de cette pièce, est bien sûr la démarche qui permet d'obtenir une fréquence de 8Hz.
La plupart des tentatives pour atteindre les hautes fréquences tiennent de la prototypie. Montres très coûteuses en séries ultra-limitées, on est en permanence dans le laboratoire, avec des calibres développés pour la haute fréquence de A à Z. Chopard a travaillé à contre-courant, en partant d’un calibre L.U.C normal et en y apportant le minimum de modifications afin de produire une montre moins élitiste, à courte échéance.


Ainsi, par rapport à un très classique calibre L.U.C à 4Hz, seul le bloc d’échappement change. La cheville de plateau, l’ancre et la roue d’échappement sont en silicium alors, que le balancier-spiral reste de construction traditionnelle, même s'il est adapté à la Haute fréquence.
D’ailleurs, le barillet d’origine a été conservé et dispense toujours la même réserve de marche, malgré la fréquence doublée (théoriquement, quand on roule 2 fois plus vite, on vide le réservoir 2 fois plus vite).
Comment ? En fait tout le travail d’optimisation a eu lieu au niveau de la roue d’échappement et de l’ancre. Cette dernière a une amplitude beaucoup moins élevée que celle d’un calibre 4Hz. Du coup, il y'a moins de perte d'énergie lors de cette étape. La forme particulière des éléments de régulation et les propriétés du silicium font le reste.


Le cadran est lui aussi terre de contraste : il est fait d'argent grainé traditionnel et présente une grande petite seconde rouge sur fond noir à la finition sport. Ce choix judicieux permet de laisser la part belle au défilement des secondes, à 8 sauts par seconde. Il serait d’ailleurs intéressant de voir le défilement d’une foudroyante au 1/16ème…


Côté boitier, c’est un peu la même chose, un mélange heureux entre avant-garde et tradition. Les deux parties du boitier de 42mm sont en titane, l’étanchéité est de 100m. Sur le haut du boitier, Le titane poli offre une finition très classique, en contraste avec le titane microbillé et noirci du dessous du boitier et sa finition electro-plasma ultra technique.
Si l’esthétique est très convaincante, le dos du boitier est un peu frustrant, le mini-verre saphir dévoilant très peu le bloc d'échappement.


Donc, à l’instar de la Engine One Tourbillon, le ramage se rapporte au plumage : L’union entre futurisme et traditionalisme du calibre se reflète à l’extérieur de la montre. Le tout dans une pièce proposée pour moins de 15000€, ce qui est un prix raisonnable eu égard à la technologie embarquée et à la certification COSC dont bénéficie le mouvement.

Afin de parfaire cette démarche de démocratisation de la haute fréquence, Chopard a fait certifier son calibre battant à 57600a/h par le COSC, une première pour un calibre de plus de 5HZ et un,  gage de confiance dans son produit.



L’autre voie de démocratisation des calibres L.U.C est portée par la Chopard Manufacture. Cette montre, présentée cette année, inaugure une nouvelle série de calibres destinés, à terme, à remplacer les mouvements ETA.


Devant la pénurie annoncée des calibres Swatch Group, Chopard répond par l’internalisation totale, pour la plus grande joie des futurs acquéreurs de Mille Miglia et autres séries précédemment équipées de calibres Valjoux.
Le nouveau calibre Chopard 01.-04-C est très proche de l’architecture du calibre L.U.C 01.-01-L. Il tourne à 28800a/h pour 60h de RdM ; le mouvement fait 28.80mm pour 4.95 d'épaisseur.
Le Chopard 01.-04-C reprend plus ou moins le pointage du L.U.C 01.-01-L,  mais sans les finitions manuelles et avec 4 pierres de moins.
Les belles décorations du LUC sont abandonnés au profit d’un brossage très industriel (qui rappelle un peu les P.9000 de chez Panerai), mais très convaincant et en tous cas bien supérieur à ce que propose ETA dans ses finitions haut de gamme.


Pour bien comprendre la démarche des horlogers de chez Chopard, il faudrait comparer ce calibre à l’ID19 de Citroën. Après la présentation de la Citroën DS en 1955, les ingénieurs du Quai Javel avaient déjà en tête une version moins coûteuse de ce modèle : l’ID19. Si la voiture sacrifiait quelques aspects luxueux et de confort, elle ne sacrifiait rien de la technologie et des qualités routières de la marque aux chevrons.


La Classic Manufacture est proposée dans les 3 ors, le boitier fait 38mm dans toutes les couleurs, avec dessin très convaincant, car épuré au maximum. Presque un départ d’une feuille blanche,  tant la rupture avec le style Chopard est importante. Le cadran est blanc laqué, avec des chiffres romains peints.
Minimalisme de bon ton, qui met finalement en lumière le calibre et le virage amorcé par cette nouvelle gamme de mouvements.



Enfin, nous avons découvert la LUC Lunar One, nouvelle déclinaison du calendrier perpétuel de Chopard.
Si les pièces précédentes relèvent d’une volonté de démocratiser technologie et calibres de manufacture Chopard, la Lunar One est une montre de démonstration des savoir-faire de la manufacture.
Avec 43mm de diamètre, son étanchéité de 50m (donc saut-dans-la-piscine-habillé-proof) et ses sous-compteurs XL, c’est une montre habillée, mais pas trop. Bien que le look soit classique, elle conserve un côté décontracté et sympathique, qui peut s’adapter à la majorité des tenues.
Son boitier en or rose renforce le côté classique de la montre ; le boitier en or blanc, lui renforce le coté sport chic  un secteur par ailleurs peu occupé; on pourrait penser, par exemple, au sympathique QP de DeMonaco ou à certaines De Béthune, mais le sport-chic combiné avec le QP reste malheureusement anecdotique.  
Il faut noter qu’au poignet, avec les jeux de lumière (cela doit être encore plus vrai au soleil), le cadran fait moins chargé qu’en photo. D’ailleurs, la grande phase de Lune « orbitale » (comprendre que le disque tourne autour de son axe), est proéminente dans le cadran, par contraste des couleurs. Le reste des indications, sous-compteurs et index, sont un peu ton sur ton, ce qui contribue à alléger dans la vrai vie, les nombreuses indications du QP malgré leur grandes polices de caractères.


Quant au calibre, c'est le L.U.C 96.-13-L dit QP, un mouvement automatique de 33mm fréquencé à 28800a/h, pour 70h de réserve de marche, fournie par 2 barillets. Comme tous les calibres QP du marché actuel, il est modulaire. Le plateau de complication est néanmoins l’un des plus complexes de l’offre actuelle, notamment à cause de sa grande date et de sa phase de lune à faible décalage (un jour tous les 122 ans). Et bien évidemment, la finition Fleurier qui répond aux critères du Poinçon de Genève possède un charme indéniable, qui contribue beaucoup à l’intérêt de cette montre.
Fait assez rare dans le monde des montres très haut de gamme, la nouvelle Lunar One arbore deux certifications : COSC (ce qui est appréciable et quasi inédit pour un QP) + Poinçon de Genève nouvelles normes.


A un moment charnière où l’avenir de l’horlogerie est incertain,  Chopard anticipe bien la fin des livraisons de Swatch Group, mais prépare aussi le futur en étant l’une des premières marques à proposer du silicium et de la très haute fréquence, destinés à équiper des montres de «grande» série.  Enfin, ce qui est peut-être le plus important du point de vue de l’acheteur final, les esthétiques évoluent dans un sens qui paraît plus en phase avec l’époque.


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